C’est dans une salle comble du Camp Paspanga, en présence de ses frères d’armes, des autorités et des artistes, que le Maréchal des Logis a présenté son œuvre. C’est un slam intitulé « Sacerdoce », qui retrace son vécu, ainsi que celui de ses frères au front. Selon lui, au-delà de rendre un hommage aux FDS, « Sacerdoce » est dédié aux familles éplorées, elles qui ont perdu des pères, des fils, des frères. « Etant donné que j’ai cette portion infime de la divinité en moi et que nous tous nous la possédons, la parole, je l’utilise en ce moment en bon escient pour apaiser un tout petit peu les cœurs, aujourd’hui meurtris, ces familles qui sont attristées, qui ne jouissent plus, qui ont perdu des frères qui ont perdu des pères », a-t-il ajouté.
Par cette œuvre, il fait ressortir ce pouvoir qu’a la musique d’adoucir les cœurs, d’apporter le réconfort surtout dans ce contexte sécuritaire. En plus de sa prestation, la cérémonie a été ponctuée d’autres interventions, ainsi que des hommages d’autres artistes à l’endroit des Forces de défense et de sécurité. L’artiste slameur, Ombr Blanch, conférencier du jour, a rappelé le rôle combien important que l’art doit jouer en ces moments difficiles pour le pays. « Comme on le dit, la guerre est d’abord culturelle, tout ceux là qui sont en train de nous envahir, veulent nous imposer leur culture » a-t-il déclaré.
Pour lui, c’est le moment de repenser coté culture, trouver ce qu’eux, en tant qu’acteurs culturels, peuvent apporter. Aussi, « lorsqu’on parle de culture, c’est vrai qu’il y a plusieurs branches, mais la musique est la plus présente » précise-il. « Nous devons faire en sorte qu’à travers la musique, nous puissions apporter un plus, afin que revienne la paix, et conscientiser également nos frères qui ont pris les armes contre nous » a-t-il souhaité.
Même son de cloche chez Smarty. « On a perdu beaucoup de jeunes frères, et au nom de toutes ces personnes, chaque mot qu’on doit sortir, chaque chose qu’on doit dire en tant qu’artiste, on doit penser à la mémoire de toutes ces personnes » a-t-il expliqué. Il faut donc peser les mots, savoir quoi dire en fonction des situations. Pour Smarty, le rôle de l’art en réalité, c’est autant au front ça tire à balles réelle, les mots aussi sont souvent beaucoup plus durs, font beaucoup plus mal que les balles ; parce qu’une virgule mal placée peut envoyer à la mort. Pour sa part, dans le travail de développement qu’ils font en tant qu’artiste, il est souvent difficile de tremper sa plume à la vérité dans certaines situations, et souvent, dire des choses qui font mal, ne veut pas forcement dire qu’on est contre x ou y.
Par la suite, c’est le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, qui est intervenu, à travers un slam pour son hommage aux Forces de défense et de sécurité. Pour lui, Whé -Whé en tant que FDS rend hommage à ses frères d’armes, il revient donc aux burkinabè de rendre hommage à l’ensemble des Forces de défense et de sécurité. « Toute initiative qui peut rendre hommage à un soldat tombé au front, redonner espoir à une famille qui a perdu un fils, nous on y serons …» a-t-il déclaré. Tout en invitant les populations à cet élan à l’endroit des soldats au front, il a insisté sur le fait que « cette guerre n’est pas celle des FDS seulement », mais celle de tous les burkinabè.
Le Chef d’Etat-Major de la Gendarmerie Nationale (CEMGN), le Lieutenant-Colonel Edvrard Somda a quant à lui, évoqué la perte des 11 gendarmes dans l’attaque de Seytenga dans son intervention. A l’en croire, il n’avait pas prévu être à cette cérémonie, car se disait-il : « on n’a pas encore enterré nos camarades, je ne pars pas à une cérémonie ». Ayant pu faire le déplacement, il a à la suite du ministre, salué la bravoure de ses hommes.
Pour lui, c’est le moment de les célébrer et d’aller de l’avant. « On a assez pleuré nos camarades, maintenant on doit les célébrer comme il se doit », a-t-il affirmé. Tout en remerciant le ministre Lionel Bilgo et la représentante de la ministre de la communication pour leur présence à la cérémonie, le Chef d’Etat major de la gendarmerie les a commissionné au près du Chef de l’Etat et de son Premier ministre. « Allez y dire au Premier ministre, allez-y dire au Président du Faso, que moi je commande des Hommes d’honneur, je commande des Hommes talentueux. J’ai besoin de moyens pour montrer à la Nation, de quoi ils sont capables », a-t-il demandé.
Minata Dabiré
