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Situation à l’UFR ST : L’ANEB annonce une grève de 120h

Ceci est une déclaration liminaire de la corporation ANEB (Association nationale des étudiant du Burkina) de l'Unité de formation et de recherche en science de la vie et de la terre (UFR/SVT)

Cette conférence de presse se tient dans un contexte universitaire particulièrement difficile pour les étudiants de l’UFR/SVT. En effet, le jeudi 02 mars 2023 les étudiants ont adopté en Assemblée Générale sous la direction de la corporation ANEB de l’UFR/SVT un programme d’activités assorti d’une plateforme revendicative. Cette plateforme revendicative qui fait la synthèse des problèmes que vivent les étudiants de notre UFR sur le plan académique, infrastructurel, social et sur les libertés a été déposée le 07 mars 2023 à l’administration à la suite d’une marche organisée à l’UFR.

Cette Assemblée Générale s’est tenue pendant que les étudiants de l’UFR/SVT étaient déjà en lutte contre l’application du nouveau régime général des études. Notre PFR prenait déjà en compte cette revendication. Cette lutte s’est matérialisée par un sit-in de 72 heures les 15, 16 et 17 Février 2023 observé par les étudiants de la promotion de master I après plusieurs rencontres infructueuses avec l’administration. Les étudiants étaient représentés à ces rencontres par leurs délégués de promotion au nombre de 18. Pendant ces jours de grève, les étudiants ont empêché l’entrée du bâtiment administratif à tous les usagers. Ils n’ont violenté ni enseignant, ni un membre de l’administration. Face à cette juste et légitime préoccupation, les autorités de l’UFR vont faire la sourde oreille et tenter un passage en force en usant de menaces et d’intimidations. Elle accuse les étudiants d’actes de violence particulièrement sur les enseignants et décide de convoquer une commission interne d’instruction devant laquelle sont convoqués les 18 délégués de promotion. Naturellement, l’ensemble des étudiants de master 1 a répondu à la convocation en envahissant la salle. Pour cette raison l’AG du 02 mars avait décidé du blocage des évaluations des étudiants de master I dans le but d’inviter l’administration à répondre aux préoccupations des étudiants.

En lieu et place de satisfaire aux revendications posées par les étudiants l’administration de l’UFR/SVT a décidé d’user de la violence en faisant intervenir la police les 13 et 14 avril 2023 sur le campus en violation flagrante des franchises et libertés universitaires pour réprimer les étudiants aux mains nues qui ne demandent que de meilleures conditions pour étudier.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Dans un esprit de dialogue, la direction de la corporation à sa demande a obtenu 2 audiences avec la direction de l’UFR. La persévérance et la détermination des étudiants ont contraint la présidence à échanger 3 fois de suite avec les organisations des étudiants à 2 reprises et à la dernière avec la corporation ANEB de l’UFR/SVT, les délégués généraux élus et les 18 délégués de promotion. Ces audiences se sont tenues soit sur la plateforme revendicative de la corporation soit sur la situation spécifique du master 1. Contrairement à ce qu’on pouvait s’y attendre ces audiences ont servi de cadre pour les autorités administratives de faire du dilatoire et de proférer des menaces et des intimidations. Aucune proposition concrète n’a été faite aux étudiants.

Il ressort que l’administration de notre UFR ne se soucie point des préoccupations des étudiants. Sur toute la ligne elle manifeste une fuite en avant. Soit elle nie l’évidence, soit elle s’accroche sur des détails inutiles en parlant de la formulation de la revendication, soit elle dit que ça relève de la hiérarchie.

Sur la question spécifique du master, l’administration joue sur le temps pour décourager les étudiants. La présidence de l’université Joseph KI-ZERBO ira plus loin en disant que les devoirs non faits pour fait de grèves sont considérés comme faits. Il surfera sur leur argument fétiche notamment que les étudiants sont violents pour proférer des menaces et des intimidations. Pour lui il faut sanctionner à tout prix les 18 délégués convoqués en commission interne d’instruction. Il ira même plus loin en évoquant une possible descente policière sur le campus suivie de la fermeture de l’université. Sur cet argument de violence la communauté universitaire est témoin que ce sont les étudiants qui sont victimes de toutes sortes de violences, physiques, verbales, psychologiques et morales. En effet, en plus de faire venir la police pour taper les étudiants certains membres de l’administration comme le directeur adjoint se promènent partout pour dire à qui veut l’entendre qu’ils vont chasser tous les étudiants de master 1 de l’UFR. Cette haine qu’il ne peut plus cacher l’a d’ailleurs amené à s’armer d’une arme blanche à l’occasion de la rencontre de la commission interne d’instruction le 20 avril 2023 pour en découdre avec les étudiants. Lui qui est un enseignant et qui est sensé être un éducateur et un modèle.

Analysant bien l’attitude de l’administration, nous avons dénoncé son jeu dans notre déclaration du 22 mai dernier entre autres en ces termes  « Actuellement, la lutte se présente sous une forme pernicieuse. L’administration est entrain d’exécuter un plan anti-étudiant en prônant à qui veut l’entendre que tout se déroule normalement à l’UFR. Elle pense pouvoir profiter de la fin de l’année pour assommer les étudiants avec des décisions iniques et anti-étudiantes mais c’est sans compter avec la vigilance et la mobilisation constante des étudiants. »

Mesdames et messieurs les journalistes,

Les générations d’étudiants qui se sont succédées à l’UFR ont pu constater qu’aucune réforme ne se faisait en leur faveur. De plus elles n’apportaient aucune solution aux problèmes posés. Pire les conditions de vie des étudiants continuent de se détériorer. En effet, l’UFR compte toujours quatre années académiques : 2022-2023, 2021-2022, 2020-2021 et 2019-2020. Les bacheliers de 2017 en Sciences de la Terre par exemple n’ont toujours pas bouclé la L3. Les taux d’échec et d’abandon continuent d’être très élevés atteignant des records inégalés. L’année dernière par exemple en P21 on notait 1180 étudiants lors du semestre 1 et 627 étudiants au semestre 2. Soit 553 étudiants qui ont abandonné entre le semestre 1 et le semestre 2 avec l’application du nouveau régime d’études. Les résultats de cette même promotion en session normale de L1S2 étaient de 27 admis sur 627 étudiants.

Dans le fond, les reformes opérées ont toujours eu comme objectif de chasser les étudiants de l’UFR. C’est pour cette raison d’ailleurs que la note éliminatoire de 7 a été instituée en master dans le but d’aligner les taux d’échec qui sont jusque là faibles en Master au même niveau que les promotions de Licence afin de décourager les étudiants à poursuivre les études supérieurs conformément aux programmes néocoloniaux adoptés par notre pays en 1990 qui consacrent le désengagement de l’Etat. C’est dans la mise en œuvre de cette politique que certaines administrations comme la nôtre ont montré beaucoup de zèle ainsi que certains enseignants. Pourtant, certains d’entre eux ont étudiés en Russie (ex Union soviétique) avec la bourse de l’Etat et sans que des textes de ce genre ne leurs soient appliqués. Ceux qui ont étudié au pays il y en a parmi eux qui ne seraient pas enseignants aujourd’hui s’il y avait eu une telle disposition dans leur cursus académique. Certains d’ailleurs ont toujours validé en session de rattrapage avec par moment des rachats.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Pourquoi les étudiants combattent l’application du nouveau régime d’étude ?

Nous allons prendre quelques articles tirés de l’arrêté n°2019 073/MESRSI/SG/DGESup portant régime général des études du diplôme de Licence. Il faut rappeler que ces mêmes dispositions figurent dans l’arrêté n°2019 074 applicable au master :

  • Article 29 : « toute absence à une évaluation est sanctionnée par la note zéro (0) ». L’article aurait visé l’objectivité s’il parlait d’absence injustifiée.
  • Article 26 : « les dernières évaluations sont regroupés sous forme d’examen terminal se déroulant à la fin de chaque semestre pair …… ». En effet, avant l’application de ce texte les évaluations se faisaient sous forme d’évaluations continues. Toujours dans le même article on note : l’organisation « d’une session unique de rattrapage des deux semestres ». Cela sous entend qu’on crée les conditions dans un premier temps pour envoyer les étudiants en session de rattrapage et une fois en session de rattrapage on crée les conditions pour les faire échouer.
  • Article 30 : « seules peuvent se présenter à l’examen, les étudiants ayant satisfait aux conditions d’assiduité aux séances de travaux dirigés et de travaux pratiques ».  Par le passé à l’UFR/SVT, par exemple, il n y avait pas de sanction pour les absences au TD. Pour ce qui est des séances de TP non suivis l’étudiant avait droit à toutes les évaluations y compris celle de la matière concernée sauf que ses résultats n’étaient pas validés tant que le TP n’est pas exécuté. Avec cet article il est désormais interdit de composer dans le semestre si toutefois il a été absent au cours d’une séance de TD et/ou de TP.
  • Articles 33 : il fixe la moyenne de passage pour les licences et masters générale et professionnelle à 12. Cette décision ajoutée à l’interdiction de redoublement en première année (article 15) est purement arbitraire compte tenue du fait que les conditions d’études de ces derniers ne différent pas de celles des filières d’enseignement général.

A cela s’ajoute l’article 34 de l’arrêté 74 qui consacre une note éliminatoire de 7/20 applicable aux étudiants de master.

Comme vous l’aurez constaté, ces textes sont foncièrement anti étudiants. Ils durcissent les conditions d’évaluations et de passage dans le but de chasser les étudiants des campus. Ils ont déjà fait leurs preuves dans les autres UFR en master. A l’université de Nazi BONI de Bobo à la suite d’une délibération en master de nutrition l’opinion publique a pu constater tout dernièrement que des étudiants étaient déclarés ajournés pendant qu’ils avaient 15 de moyenne. A l’UFR/SEA de l’UJKZ c’est toute la promotion de Master 2 Informatique option Système, Réseaux et Télécommunication qui a été déclarée ajournée alors que les moyennes variaient entre 13,52 et 11,87.

Mesdames et messieurs les journalistes,

Au regard de ces raisons nous n’avons d’autres choix que de poursuivre la lutte. Il est plus que jamais clair que c’est par la lutte que nous obtiendrons de l’administration la satisfaction de nos différentes préoccupations.  Il est important pour nous d’une part d’attirer l’attention de l’opinion publique et de la communauté universitaire dans son ensemble que tout ne se passe pas bien à l’UFR/SVT, que l’administration use de la démagogie et d’autre part que l’attitude de mutisme de l’administration cesse et qu’enfin des propositions concrètes soient faites. C’est pourquoi pour la poursuite de la lutte la corporation a réuni les étudiants en assemblée générale extraordinaire le 05 juillet dernier pour en discuter. Ainsi, au sortir de cette AG les étudiants de l’UFR/SVT ont décidé d’aller en grève de 120h  le mardi 11 juillet, mercredi 12 juillet, jeudi 13 juillet, vendredi 14 juillet et samedi 15 juillet. Il s’agira pour les étudiants de l’UFR au cours de ces 120 heures de grèves de :

  • Montrer à l’opinion publique que rien ne va à l’UFR et que les autorités de notre UFR et de la présidence planifient le renvoi de la promotion de master 1 qui compte plus de 500 étudiants de l’UFR ;
  • Dénoncer le comportement de mépris et d’insouciances vis-à-vis des revendications des étudiants ;
  • Dénoncer les velléités de répression planifiée par les autorités ;
  • Exiger des propositions concrètes.

La corporation félicite l’ensemble des étudiants pour leur mobilisation aux dernières activités et les invite à redoubler d’ardeur avec courage, détermination, persévérance et esprit de sacrifice. C’est la seule manière pour nous d’obtenir des acquis conséquents par rapport aux problèmes que nous avons posés. L’expérience du mouvement étudiant nous enseigne que c’est par la mobilisation et la détermination que nous arrivons à engranger des acquis.

Nous vous remercions de votre aimable attention et nous sommes disposés à répondre à vos différentes questions.

La direction

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