Agé de 25 ans, Moïse Koudougou est un parkeur depuis maintenant neuf ans. Son parking est établi en face d’un maquis au quartier Katr-yaar à l’arrondissement 11 de Ouagadougou. Ce samedi nuit, une vingtaine de motos sont déjà stationnées dans le parking. L’affluence n’est pas encore au rendez-vous. Le jeune homme est assis sur une des motos, téléphone portable en main et les écouteurs dans les oreilles. Elève en classe de Terminale A, ce travail permet à Moïse de résoudre ses dépenses scolaires et de subvenir à ses besoins élémentaires.
« Ce travail m’apporte beaucoup. Ça me permet de boucher certains trous. C’est aussi grâce à ça que je règle certaines dépenses liées à mes études », dit-il, avant d’ajouter que si depuis neuf ans, il continue à exercer ce boulot, c’est parce qu’il y gagne sa pitance quotidienne. « Quand ça marche bien, par jour on encaisse au moins 11 000 francs et souvent même 15000 francs. Les samedis, on peut avoir jusqu’à 20 000 francs », confie-t-il. Le chiffre d’affaires de Moïse est fonction de l’affluence dans le maquis situé à quelques pas de son parking. Parallèlement à ses études scolaires, Moise Koudougou a une formation d’électricien. Il exerce dans le parking en attendant de trouver mieux selon Moïse continue d’exercer le travail de parkeur.
Ce métier a des contraintes. Parmi ces contraintes, il cite notamment le refus de payer de certains usagers et la perte de tickets qui occasionne quelquefois des disputes. « Il y a souvent des gens qui ne veulent pas payer. Aussi, il y a certains qui perdent leurs tickets mais qui veulent prendre leur engin sans présenter les documents. Et cela cause souvent des bagarres », regrette-t-il.
De ferrailleur à parkeur
Abdoul Fataf Ouédraogo est gérant de parking à Ouagadougou. Il a débuté en 2018 et exerce aujourd’hui dans un parking devant le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Ancien ferrailleur, Abdoul Fataf, âgé de 25 ans, dit s’être lancé dans la gestion de parkings grâce à un ami. Ce dernier lui avait fait la proposition. Et il dit bien tirer son épingle du jeu. Sa journée de travail débute avant 5 heures du matin. Et pour cela, il doit se réveiller une heure plus tôt. Cela ne pouvait en être autrement pour lui puisque les usagers de son parking sont pour la grande majorité des étudiants. Depuis 2008, plusieurs filières de l’Université Thomas Sankara prennent cours dans les pavillons du SIAO. Le soir à la descente, compte tenu du fait que les étudiants finissent tard, Abdoul Fataf affirme ne rentrer à la maison qu’après 21heures.
Le jeune parker aime bien ce métier et dit s’y consacrer avec dévouement. A l’entrée du SIAO, Abdou Fataf est identifiable, débout, une éponge de nettoyage en main, les tickets dans l’autre et les yeux braqués sur les différentes voies en attente de nouveaux clients. Selon lui, toute personne doit aimer son travail avant de l’exercer. « Si tu aimes ton travail, même si c’est un travail compliqué, tu vas trouver que ce n’est pas difficile à faire ». Abdoul Fataf dit gagner en moyenne 2 500 francs par jour. Une somme qui lui permet de subvenir à ses besoins quotidiens.
Avoir son propre parking à Ouaga n’est pas chose aisée
Dans le parking d’Abdoul Fataf, la prestation est de 50 francs CFA pour les motos et de 25 francs pour les vélos. Et ce, conformément à la règlementation de la municipalité. En cas de manifestations au sein d u SIAO, les coûts évoluent : 50f pour les vélos et 100f pour les motos et 200 francs CFA pour les véhicules. Ces tarifs sont appliqués dans les parkings situés dans les espaces commerciaux ou festifs.
Aujourd’hui, le rêve que nourrit Abdoul Fataf est de pouvoir mettre en place son propre parking. Pour lui, la gestion des parkings comporte moins de difficultés contrairement au ferraillage. Le seul problème dans le travail de parking d’après lui est lorsqu’il y a perte d’engin. En cas de perte d’engin d’un usager, le responsable du parking est tenu de lui acheter un nouvel engin de la même valeur. Mais cela arrive très rarement dans le parking que gère l’ancien ferrailleur car il dit être très vigilant. A la question de savoir ce qui l’empêche de mettre en place son propre parking comme il le souhaite, Abdoul Fataf répondra que les espaces réservés à cet effet par la municipalité sont pratiquement tous occupés par les anciens. Un jeune qui veut avoir son propre parking à Ouagadougou aujourd’hui est obligé de collaborer longtemps avec ces derniers, dit avec regret le jeune parker, tout en se montrant optimiste.
Depuis mon enfance, j’ai toujours voulu devenir un parker
Si Moïse et de Abdoul Fataf sont parkeur par défaut, Ousmane Nana lui pratique ce métier par vocation. C’est le cas de Ousmane Nana, 33 ans. Ce jeune dit avoir une quinzaine d’années dans ce métier avec son père aurait aussi exercé. Son parking est situé à l’entrée ouest du marché Nabi-yaar, en face de l’hôpital Saint Camille, au quartier 1200 Logements.
Son vaste parking est pratiquement plein. Mais des usagers continuent d’y affluer. D’autres, ayant fini de faire leur marché y sont également de retour réclamant leurs engins pour partir. Pendant que ses assistants se chargent des clients qui sont à motos ou à vélos, lui, il s’occupe de ceux en véhicules. Les assistants ne sachant pas conduire, seul lui ‘’le patron’’ comme l’appellent ces derniers peut bien stationner les véhicules. Lesquels justement continuent d’arriver d’un moment à l’autre. Ousmane Nana occupé à sa tâche quotidienne répondra à nos questions entre deux tâches à accomplir.
Dès l’entame, Ousmane Nana affirme faire ce travail depuis qu’il était enfant. A l’entendre, son aventure dans ce métier est l’accomplissement d’un rêve d’enfance. « Depuis mon enfance, j’ai toujours voulu devenir un parker », a-t-il laissé entendre. Cela serait-il lié au fait que son géniteur fut un parker ? Non, répond-il. Ousmane Nana fera savoir qu’il a des frères qui contrairement à lui, ne font pas ce travail. Il ajoute que la gestion de parkings est son seul métier. « Je ne sais pas faire autre chose à part ça ». Et je me suis totalement consacré à ça après que j’ai arrêté mes études en 5è,poursuit-il. Comme ses prédécesseurs, Ousmane Nana affirme que le métier de parker nourrit son homme. Selon ses propos, tout ce qu’il possède en termes de biens matériels, c’est grâce à ce métier. Il dit réaliser un chiffre d’affaires de plus de 100 000 francs le mois. Ousmane Nana se fait assister par sept jeunes qu’il dit payer entre 1 500 et 2 500 francs la journée. Salif Bagagna, 24 ans, fait partie de ses agents. Lui confie travailler avec Ousmane Nana depuis 2017.
Les trois parkeurs disent exercés un métier négligé. « Les gens ne voient pas la gestion de parkings comme un travail. Et puis il y a des clients mêmes qui traitent les parkers avec mépris », regrette Abdoul Fataf Ouédraogo. « Moi j’ai proposé à un ami de faire ça mais depuis là il ne me dit rien. Mais je sais en fait qu’il ne veut pas faire ce travail », renchérit Moïse Koudougou, qui déplore l’attitude de son ami qu’il dit pourtant désœuvré. Lui ne compte pas abandonner sauf à trouver un boulot dans le domaine de l’électricité où il a été formé.
Ibrahim BILLA (stagiaire)
