- Les déboires d’une société de fruits et légumes
Un litige oppose la SICOPAG, une société de droit burkinabè à l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne. L’objet de ce litige porte sur un terrain de près de 20 000 m2 situé sur le domaine aéroportuaire de Ouagadougou. Les amateurs de bonne bière et de poulet grillé connaissent bien le coin, eux qui affectionnent se délecter de victuailles les weeks end, à l’ombre bienfaisante de la forêt d’arbres plantés voici plus d’une décennie par les responsables de ladite société. C’est depuis 1987 que ce terrain est commercialement exploité par la SICOPAG, une société de production et de conditionnement de fruits et légumes qui a fait le bonheur des marchands du célèbre marché de Rengis en France. Il se trouve que la SICOPAG est en train de faire les frais de la situation juridique du terrain dont l’exploitation a été confiée à l’ASECNA par l’Etat burkinabè. Ayant réalisé des investissements (bâtiments, équipements frigorifiques et autres), l’opérateur a voulu les hypothéquer afin d’obtenir un crédit auprès d’un établissement de la place. La surprise est totale ! Le contrat d’exploitation qui lie l’Etat burkinabè à l’ASECNA a expiré le 31 décembre 1969. La conséquence juridique est que la convention passée en 1987 par l’ASECNA avec la SICOPAG est nulle. S’engage alors une saga judiciaire entre la SICOPAG qui estime avoir été flouée et l’ASECNA. L’affaire est confiée dans un premier temps à un arbitre unique. La sentence du juge unique est défavorable à la SICOPAG. Un recours est formulé devant la chambre civile du TGI de Ouagadougou. Celle-ci déboute la SICOPAG et rejoint pour l’essentiel les conclusions de l’arbitre unique. L’affaire serait présentement en cassation. Mais la question est de savoir que deviendra la SICOPAG si elle n’obtient pas gain de cause sur le plan judicaire ? Au-delà des investissements et du préjudice que le promoteur évalue à près de deux milliards de nos francs, se pose la question de la survie même d’une entreprise qui emploie pas moins de 200 travailleurs. Luc Adolphe Tiao avait cru devoir voler au secours de la SOPAM de SOGLI dont l’entreprise allait tout droit vers un naufrage certain en raison de ses déboires judiciaires. Les mêmes considérations vont-elles prévaloir dans le cas de la SICOPAG ?
Planter des arbres c’est bien, les entretenir c’est mieux !
La saison des pluies est la période privilégiée pour les plantations d’arbres. En tant que pays sahélien, le salut du Burkina est au bout des efforts de ses hommes et femmes pour reverdir ses étendues de terres arides. La révolution du 4 août en avait fait une de ses préoccupations. On a encore en mémoire le souvenir des trois luttes (lutte contre la divagation des animaux, lutte contre les feux de brousse, lutte contre la coupe abusive du bois) mais aussi les champs collectifs où les burkinabè étaient invités à y réaliser des bosquets. Le bilan de cette expérience a-t-il été fait ? Dans l’affirmative, les héritiers de la révolution que nous sommes ne semblent pas avoir retenu quelque chose. On continue bien sûr à planter des arbres mais c’est plutôt des occasions d’exhibition qu’autre chose. Il ne suffit pas de planter des arbres, encore faut-il les entretenir. Et là c’est un autre challenge. Pas plus de 20% de ces centaines de milliers d’arbres plantés chaque année selon les spécialistes ne survivent plus d’une année. Quel gaspillage ! Il faut donc revoir la copie si l’on veut faire œuvre utile.
La petite corruption gangrène l’administration publique
On n’a presque pas envie d’en parler tant le phénomène ressemble plutôt à de la débrouille. C’est bien connu, le caillou profite de l’huile du haricot et les gestionnaires et financiers de l’administration publique l’ont bien compris. Si Luc Adolphe Tiao a mis fin aux per diem (qu’il en soit maudit !) c’est parce c’était relativement plus facile. Les stratégies sont légion grâce auxquelles les organisateurs d’activités se font du beurre. En règle générale c’est au niveau des DAF et les régies que se font les arrangements. Les petits agents l’ont si bien compris qu’ils exercent une pression telle que directeurs et autres responsables de concert avec les gestionnaires ont trouvé le truc qui permette d’arroser tout le monde. Ce sont des miettes certes qui sont servies aux petits mais l’enveloppe grossit à mesure que l’on remonte la hiérarchie. C’est ce que nous avons compris à la lecture d’un document qui décrit par le menu ce qui se passe dans une direction du MENA où la gestion des conférences pédagogiques aurait permis à certains de bâtir des fortunes non négligeables. Madame Boly devrait ouvrir l’œil et le bon. L’ouverture d’une boîte à idées (si ce n’est déjà fait) pourrait l’aider tant dans la gestion des hommes que des deniers publics.