Un grand militaire est un petit militaire doté de nobles convictions sensibles à la souffrance et aux pleurs des populations innocentes qu’il entend protéger dignement sous le couvert honnête du treillis et par l’usage légitime de son arme en défendant la santé de l’intégrité territoriale et le prestige de la souveraineté nationale, jusqu’au prix héroïque du sacrifice extrême à rendre s’il le faut. Les soldats de cette catégorie méritent l’estime de leurs contemporains et tous les encouragements de toutes sortes. Dans ce sens, le ciel et la terre sont à remuer sur tous les quatre points de la planète.
Recherché, le célèbre président Vladimir Poutine doit nous comprendre et, rien n’étonne, il ne peut pas nier l’urgence de notre effort. Destinataire à qui nous avons lancé personnellement un appel, normalement, il doit rejaillir de Moscou une réponse favorable qui vient étayer la situation critique actuelle que vit le Faso. Homme fort sur la scène des relations internationales, il a la puissance énorme et il peut en prêter une portion aux Africains qui en ont besoin pour dissoudre le terrorisme et dissuader les ficelles que tire l’impérialisme malveillant au relent occidental. Quoi de plus ?
A côté de Son Excellence Vladimir Poutine, il est à signaler que la voie juridique est un couloir optimiste à consulter. Un bâtonnier étranger est saisi hors du territoire national pour la cause. Sa sympathie est à saluer par une voix élogieuse. A partir d’un barreau européen, cet avocat respectable étudie notre initiative dont une copie va être déposée sur le bureau russe du Kremlin. De Genève, il est question d’un ami qui a publié des ouvrages sur le capitaine Thomas Sankara et, lui, qui devrait venir sur la tombe du président défunt au cimetière de Dagnoe n’est pas moins triste de l’insécurité meurtrière. Sa haute compassion et ses souhaits sont touchants. Une des figures importantes présentement en service dans une organisation onusienne, que peut-elle faire pour le peuple burkinabè ? Nous regrettons de faire valoir cette indiscrétion qui pèche par l’orgueil de se rendre publique. Cependant, nous n’avons rien à nous reprocher de cette démarche subjective. L’objet est en soi productif. Quand il y a une danse organisée pour tout le village, chacun doit aller associer le pas.
Au demeurant, les bénédictions fusent de partout pour accompagner toujours les soldats et les prières continuent de se formuler pour supporter leurs actions.
Ne sont pas comptés les généraux corrompus de l’armée, la mention d’honneur les exclue d’office. L’honneur est le mérite des soldats présents sur le terrain de la bataille et du feu. A la hiérarchie, certains officiers sont passés maîtres dans les commerces obscènes et les rencarts avec les péripatéticiennes réputées pour leur facilité vénale. Cette bande de chasseurs de plaisir correspond à une catégorie de traîtres qui ne dit son nom. Et c’est au détriment de tout le pays. De cette pagaille comportementale qui s’est instituée à la faveur de la personnalisation du pouvoir par l’ancien président Blaise Compaoré, il n’en résulte aucun apport bénéfique pour les intérêts collectifs de la nation.
Le Burkina rend plutôt hommage à ses soldats intrépides. Combien sont-ils, ceux qui ont payé de leur vie sacrée pour la paix nationale ? Dieu seul sait. Que la terre leur soit légère, ils sont morts dignement et non inutilement. La mémoire de l’homme est courte et égoïste mais l’histoire ne les oubliera pas. Ici-bas, l’honneur prendra le soin de marquer leur nom sur les pages célèbres de la gratitude éternelle ; dans l’au-delà, ils auront, par leurs œuvres, la grâce de la vision béatifique. Leur exemple est une leçon édifiante.
Il faut le souligner davantage, un bon militaire se distingue par des faits intègres et la dernière demeure d’un soldat tombé sur le champ d’honneur vaut mieux que le bureau climatisé d’un officier qui vole d’une maîtresse sur une autre comme un oiseau sur un arbre. Les généraux ternissent leur grade et leur galon par les dérives irresponsables. D’une part, cet écrit va attirer une haine à notre plume d’écrivain mais d’autre part, les subalternes la reconnaîtraient comme leur porte-parole qui dit à leur place ce qu’ils ne peuvent pas dire eux-mêmes. Il y a des actes d’injustice au sein des forces armées mais la rigueur empêche les hommes de troupe de dénoncer.
La folie est une énergie substantielle et il faut une folie à toute entreprise. Alors, avec un brin de folie, un civil peut assumer un acte utile à un soldat. Nous préférons être responsable en parlant que d’être coupable par un silence complice. Par l’intermédiaire de notre premier ouvrage intitulé La Grève des Etudiants, nous l’avons si bien dit : « L’intellectuel c’est quelqu’un qui n’a pas peur dire ce que les autres ont peur de dire ; c’est quelqu’un qui révèle ce que les autres essayent de camoufler. » Tant que Dieu nous donnera la grâce de respirer, par les bonnes sources d’informations, nous serons disponible à notre devoir. Un civil et un homme de tenue ne sont pas des ennemis de la tradition du chat et du chien.
Au contraire ! Comme dans la communauté des grains d’un même panier ou des œufs d’une même outre, les citoyens doivent prendre soin du récipient pour ne pas tomber à la gueule des fourmis ou être écrasés aux coups de pierres sur la terre. La complémentarité est un intérêt élémentaire pour la vie sociale. Nous avons la liste des officiers obscurantistes, en temps opportun, nous publierons quand c’est nécessaire pour la nation. Les suspects qui semblent être de connivence avec les rémunérations illicites du terrorisme sont des traîtres qui auront à rendre compte devant le code pénal et la peine capitale. Oh Dieu, où es-tu ? Descend vite du ciel, vient aider le peuple burkinabè à se débarrasser de ses bourreaux déguisés.
Des différents commissariats de police aux postes de gendarmerie en passant par la garde pénitentiaire, sans oublier l’armée de terre et l’armée de l’air auxquelles s’ajoutent les brigades des sapeurs-pompiers, à leur endroit, respectivement et globalement, la population civile exprime leur solidarité et adresse les condoléances aux familles éplorées qui ont perdu chacune un enfant soldat qui est parti au front. Cependant nous déplorons certaines attitudes de volte-face qui se pratiquent de façon sournoise au niveau de la hiérarchie militaire.
L’on est plutôt grand par les œuvres et par les actions dignes de foi que par la couleur des étoiles dorées des officiers qui ont troqué leur courage contre les jupons et les caresses de certaines amantes qui les partagent officieusement et au détriment des épouses officielles et légales qui moisissent au foyer en pâtissant des corvées domestiques qui les font gémir, en longueur de journée, sous le regard consolateur de leurs enfants bénis qui compatissent à leur sort maternel.
Qu’on nous pardonne ! nous sommes un homme. Or, un homme qui n’a pas subi la castration de ses testicules ne doit pas se moquer du malheur d’un homme en flagrant délit d’adultère. Il en en va de même pour la gent féminine. Une femme ne doit pas se moquer des hémorragies d’une femme violée parce qu’elle ne sait pas à quelle mésaventure elle est attendue pour demain. L’empathie est à pratiquer comme exemple de bonne relation pour les gens courtois dans une société civilisée.
Qu’on nous pardonne encore ! Ce n’est pas parce que nous avons une origine yadega d’un ressortissant du nord Yatenga que nous disons certaines choses qui ressemblent à des bêtises mais qui ne sont pas des bêtises. Il n’y a aucune gloire à choquer la morale en parlant crûment. Il est interdit de transgresser les balises du boulevard de la loi. A tous points de vue, la constitution en défend comme les clauses spécifiques condamnent le régionalisme et le népotisme dont la pratique a porté atteinte à la sureté d’Etat dans plusieurs pays. Nous n’avons pas non plus un brevet qui nous confère le statut d’un conseiller matrimonial. Seulement la réalité exige que nous parlions conformément.
Toutefois, il est à estimer que la raison est nulle et non avenue pour nous jeter en prison. Les mandats de dépôts sont les choses les plus faciles dans les régimes caporalisés et les cellules sont encombrées des voleurs de délits légers tandis que les voleurs patentés de la république courent dehors en savourant pleinement les avantages de la liberté. Le contraste est écœurant.
La chance actuellement pour le Burkina est que la transition paraît déterminée pour accorder une place meilleure à l’équité. Notre avocat personnel est nommé premier ministre, il y a peu. Il a quitté sa profession libérale pour acquitter les tâches lourdes à la tête du gouvernement mais nous sommes imprégnés des cours qu’il nous a administrés à la faculté de droit et les leçons forment un guide propice qui interpelle notre conscience dans l’exercice de la bataille littéraire et intellectuelle. Espérons que maître Apollinaire Kyelèm ne sera pas invité à s’absenter un instant de la primature pour aller rétorquer contre le procureur en défendant la sincérité de notre plume à la suite d’un accident fâcheux de délit de presse qui puisse nous obliger à comparaître à la barre.
Bref, et revenons à nos moutons, notamment aux valeurs fondamentales pour plusieurs dizaines d’ethnies et de langues qui ne cherchent qu’à vivre en parfaite symbiose, sous les auspices du maillon de la justice équitable dans la chaîne longue des institutions fortes gérées par des personnalités crédibles en vue d’atteindre les objectifs d’une nation prospère. Il est question de la sécurité et de la défense qui doivent principalement leur rayonnement à l’armée. Les colonels et les généraux de conscience douteuse ne peuvent pas garantir d’une telle assurance.
Quand on voit un bon militaire, on sait. Un grand militaire n’est pas un officier qui traîne le ventre bombé dans une voiture d’intense climatisation et qui attend le soir pour subir les caresses d’une sirène qui l’a envoûté et qui utilise les potions de maraboutage pour le dominer. Comme c’est déjà dit, nous n’avons aucun plaisir à recueillir de la diffamation et aucun dénigrement ne nous influence contre qui que ce soit. Les préceptes de notre provenance religieuse nous interdit d’offenser. Seulement, au jour de l’accouchement, il n’y a pas de honte. C’est ainsi que la réalité nous engage à parler d’elle pour la paix.
Quand on voit le spécimen de la race des grands militaires, on sait même s’il ne parle pas d’un seul mot. Le sang versé d’un subalterne mort pour la cause sublime de son pays vaut mieux qui le verre de bière qui fait roter un officier.
Les grands militaires au sens noble du terme, ce sont les petits soldats qui endurent vaillamment les conditions délétères pour protéger les habitants désespérés dans les points chauds du Sahel. L’actuel président Ibrahim Traoré vient de cette race distinguée. L’idéal philosophique qu’il incarne dans la fleur de l’âge et le stoïcisme qui le motive constituent un impératif précieux pour toute la patrie. Ce jeune capitaine est béni et son grade lui sied parfaitement. Il le mérite absolument. Qu’il soit à jamais remercié par la majorité.
La population sénescente et la partie juvénile lui consacrent la plénitude de leurs reconnaissances convergentes. La postérité parlera des empreintes de ses chaussures militaires qu’il a imprimées dans les brousses sablonneuses pour que son pays retrouve la paix. Nous le connaissons mais il ne nous connaît pas. C’est normal que le sens réciproque fasse faute, puisque nous ne répondons pas d’une même carrière pour évoluer sous le drapeau. Il n’est pas notre frère d’armes, nos vocations étant diamétralement opposées.
Cependant, si tel est le cas, nous sommes au courant de la souffrance cruelle que lui et toutes les unités éprouvent dans les températures incandescentes du sahel ou dans les vagues de froids nuisibles à la santé.
Personnellement invité à écrire sur un spectacle d’horreur et à filmer des cadavres étendus sur le sol avec les boyaux sur la poitrine, de nombreux obstacles ont empêché notre déplacement. Jaloux de notre liberté, l’autonomie de notre travail n’est pas prête à demander une permission à la gendarmerie ou à la police pour nous faire voyager.
Néanmoins, des preuves de cauchemar nous privent du privilège d’être un citoyen heureux. L’appétit n’existe pas par ces temps de douleur. C’est par force que les gens mangent, pour éviter souvent le pire quand on est si affamé et lorsque la vie ne tient plus qu’à un fil. On se souvient toujours d’un groupe de femmes rencontré. Ayant fui de leur village avec leur mari sans bagages, elles racontent comment elles ont été délogées. Sous un arbre de répit, elles préparaient dans des marmites des noix vertes de karité pour parer à la faim des enfants. Un dignitaire nanti qui les aperçut au passage s’apitoya sur leur situation. Elles eurent de lui une aide consistante. La souffrance de ces mères correspond réellement aux explications de certains gouverneurs ou préfets. C’est vrai ce qui est dit également de la part du président Ibrahim Traoré, parce que ce qu’il dit est bien fondé. Homme de terrain, il a vu de toutes les couleurs dans la savane clairsemée et dans les environs boiseux. Il n’y a rien à démentir.
D’où vient cette calamité ? On nous dira que cela dépend de la volonté divine, parce que rien ne se passe sans que Dieu ne soit au courant. C’est la réponse des esprits étriqués qui ont la manie de l’accusation facile contre le Bon Dieu qui ne parle pas. A chacun sa conception au marché des supputations vaseuses ! Les tenants de cette thèse ont leur raison. Mais, même si le feu qui s’abat sur un toit vient de Dieu, les recherches peuvent trouver que la flamme vient de la méchanceté de l’homme.
De toutes façons, les causes sont en grand nombre. Les plus superficielles sont liées aux périodes de gouvernance défectueuse et de bavures qui ont marqué alternativement les passages au pouvoir du dictateur Blaise Compaoré et du doux agneau Roch Marc Christian Kaboré. On avait dit à l’un que ses mains sont entachées de sang et on avait dit à l’autre de ne pas confondre sa foi catholique avec le domaine politique. Roch est fréquent à l’église et c’est bien de prier mais on ne gouverne pas le peuple d’un pays comme on éduque les catéchumènes d’une paroisse que l’on prépare à un baptême. Nous sommes reconnaissant à l’accusé de réponse, nous lui avons adressé un courrier d’eau et de santé et il nous a retourné une lettre que nous sommes allé prendre à la présidence.
Il avait des initiatives agréables pour son pays mais on était inquiet de l’érosion des erreurs qui envahissaient son mandat. Les sentiments spirituels et les rudiments politiques ne sont pas forcément conciliables. Bref, quand l’âne veut terrasser, le maître juché sur le dos ne voit pas l’avertissement des oreilles.
Pour la calamité présente, la prophétie du regretté Norbert Zongo nous rattrape. De son vivant, il avait si bien dit : « Il n’y a pas d’avenir pour un peuple dans un pays sans avenir. » Directeur de l’Indépendant, il a employé sa plume au service de la justice. Malheureusement, il est resté incompris. Beaucoup de gens nous reprochent de n’avoir pas encore écrit un livre sur lui. Nous entendons leur impatience mais ils ignorent les moyens pharamineux que coûte une édition. Si la mort permettait de revenir, ce célèbre journaliste d’investigation n’allait pas finir de compter le rang des hommes alignés pour dire que sa prophétie est pertinente.
Il n’y a pas de fumée sans feu. L’insécurité qui sévit par ces temps lugubres tire ses racines des erreurs antérieures. Norbert Zongo avait dit anormales les caisses de munitions qui transitaient par la présidence pour traverser les frontières et faire l’objet d’un usage violent dans les contrées extérieures et envenimées par des guerres civiles. Le président Blaise Compaoré était complice en contrepartie des effets du contrat. Sur chaque caisse d’armes était collée une affiche estampillée aide alimentaire. Là aussi, le journal de Norbert a dénoncé des actes de banditisme d’Etat.
Le boomerang s’impose plusieurs années après. Les munitions qui étaient sorties sont de retour à la cage départ. Ancien médiateur des conflits en Afrique, maintes fois salué pour son rôle de sapeur-pompier, Blaise Compaoré qui bourlinguait pour concilier les belligérants sait que son propre pays est en proie à la terreur terroriste. Pour que cela n’arrive, Norbert écrivait pour prévenir. Qualifié de trouble-fête pour le régime, sa vie était sérieusement menacée. Les actes pour le taire se multipliaient. Nous étions inquiet à son égard. Nous étions deux dans son salon, un jour. Prenant du café non loin de lui, nous demandons : « Tonton, est-ce qu’on ne va pas vous tuer ? » Et il dit : « Mais si je meurs, c’est fini et la vie continue pour les autres. » A ce moment précis, son dernier fils sortit d’une chambre. Constant marchait à quatre pattes, pour nous rejoindre au salon. Son père plaisanta avec lui.
A d’autres visiteurs également inquiets et qui avaient formulé une question sur sa mort, Norbert Zongo répondit : « Je devancerai mes tueurs et je les attendrai un à un. » Ce fut ainsi finalement. Après l’empoisonnement raté de Kaya qui a failli l’emporter par des maux de ventre, ses assassins le fusillèrent sur la route de Sapouy, avec ses compagnons d’infortune. Dommage ! Constant ne reverra plus son père. Orphelin à cette date, il a plus de vingt ans maintenant. Et la justice sur ce crime n’est pas encore dite.
Qu’attendons-nous ? Dans la tradition démocratique de certains pays, la paix passe par l’apaisement des âmes en rendant sans bâcler une justice aux martyrs. Sans quoi, la violence ne peut cesser de répéter. Souvenons-nous de Norbert Zongo et de tous les morts en général, car beaucoup d’hommes du Burkina sont morts en le défendant. Ils méritent une justice pour que le pays retrouve la paix. De nombreux défis pullulent réellement pour le mandat du président, Son Excellence Ibrahim Traoré. Que Dieu lui prête son aide. En tant que solide capitaine épris de commisérations pour son pays, ses qualités font croire aux zébrures redoutables de sa tenue léopard. Or, le tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la capture.
Rien n’étonne. Rien n’est fortuit aussi. Tout s’explique. L’insécurité de demain s’explique par la délinquance des autorités d’aujourd’hui. Nous sommes convaincu, le capitaine Ibrahim Traoré est innocent, aucun des malheurs ne saurait le concerner. Il est irréprochable du brouillard actuel. Les causes datent d’il y a longtemps et sont peut-être plus âgées que lui. Seulement le destin national veut qu’il soit aux commandes pour le bonheur collectif.
En vérité, le désastre actuel est l’aboutissement des failles du président Roch Kaboré et l’émanation du scénario méphistophélique du président Blaise Compaoré qui a planifié une situation ingouvernable et chaotique après sa chute. Son règne s’est terriblement illustré par des exécutions sommaires contre les étudiants et les intellectuels, les journalistes intègres et les opposants conscients. Secondé par la complicité barbare du général Gilbert Diendéré, l’un est aussi cruel que l’autre. De connivence, ils ont saboté l’avenir du Burkina avant de rendre le tablier sous la pression de l’insurrection populaire. La liberté en général était illusoire et la liberté de presse était chimérique.
Nous parlons en connaissance de cause. « Les abeilles de la sécurité présidentielle. » Sous ce titre, nous avons publié un article, environ une semaine avant le coup d’Etat atroce fomenté en 2015. Nous avons osé mettre à nu les bassesses du Rsp et la participation de Gilbert Diendéré aux différents crimes. La suite pour nous ? Des angoisses et des ennuis. Contraint à abandonner les chaussures en plein jour, nous avons pris le mur pour avoir la vie sauve. Dans deux véhicules qui sillonnaient en pleins phares allumés, les chauffeurs informés conduisaient en direction de notre place au bord de la voie et leurs compagnons armés jusqu’aux dents allaient nous fusiller impitoyablement. Dix-sept ans auparavant disparaissait Norbert Zongo.
Victime des conséquences du terrorisme d’Etat, son assassinat est l’un des foyers de propagation de l’insécurité et la marque du terrorisme généralisé et cautionné par le président Blaise Compaoré qui a refusé de livrer à la justice son petit frère François, poursuivi comme principal commanditaire.
D’une manière globale, Blaise Compaoré est un véritable tyran par excellence. Il s’est fait le maître éleveur de l’élevage des terroristes. Ils sortent des herbes et neutralisent des populations rurales. Mais aussi, ils développent leur extension vers les grandes villes. Déguisés en citoyens honnêtes, ils sont partout, même dans l’administration publique. Blottis dans l’ombre d’une sérénité hypocrite, ils guettent l’opportunité pour faire irruption et perpétrer des carnages avec des scènes de panique.
Il est difficile de les reconnaître mais par une collaboration citoyenne, ils peuvent être débusqués afin de purifier l’atmosphère. Aussi longue que soit un géant malheur contre un pays, ses opposants issus du peuple parviendront à l’arrêter pour l’enterrer. C’est en veillant ensemble que les habitants d’un village peuvent attraper le boa prédateur qui vient happer les chèvres. La beauté d’un pays ne dépend pas de la fortune des riches qui se payent des loisirs de perversion mais de l’honnêteté de ses autorités et de la gestion cristalline des institutions républicaines. Tôt ou tard, le Burkina devra renouer avec les conditions favorables de vie. Le plus tôt est mieux.
Quand l’étau des enquêtes judiciaires va commencer à se resserrer autour de certains suspects, il y aura beaucoup de candidats à la cavale mais ce sera tard. La sécurité a besoin d’un coup d’assainissement efficace. On voit des voitures de luxe qui passent dans les avenues de la ville. Les propriétaires assis au volant terminent leur course devant des villas privées dont l’évaluation du prix est difficile, tant elles sont somptueuses. On ne connaît pas l’origine d’où sont puisés les fonds pour réaliser des infrastructures pareilles.
La filière terroriste qui se nourrit de sang et de violence est une source idéale qui offre un enrichissement soudain et une ascension sociale rapide. Mais nul n’échappe à la déchéance de ses propres turpitudes. La transition nouvelle qui vient de se mettre en place n’est pas là pour plaisanter et la rigueur du capitaine Ibrahim Traoré est incompatible avec le favoritisme et l’affairisme. Sans un temps pour prendre des chaussures, en plein midi, des commerçants et des fonctionnaires vont tenter de fuir pieds nus pour quitter la capitale. Mais, ils seront ramenés de leur évasion pour répondre de leur copulation avec le terrorisme. Les premiers ennemis d’un pays sont ses propres enfants traîtres qui se confondent avec la masse des populations autochtones. Malgré le fard de maquillage, leur identité faciale finit par être discernée.
Béni soit le jour où le Burkina sera définitivement débarrassé de ses malheurs et de ses traîtres qui attigent les misères.
Cyrille Ouédraogo, écrivain
