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Le roi Basile ou la noblesse usurpée

Quand Yassida était enfant,

Il y a de cela bien longtemps,

Elle entendait les grisonnants,

Parler de rois très puissants,

Aimés par bon nombre de sujets,

Car apportant à tous, sécurité et prospérité.

Des rois alliant bravoure et magnificence,

Des figures d’autorité inspirant confiance.

Leurs noms avaient traversé l’histoire,

Leur noblesse était auréolée de gloire.

En chacun de nous règne la noblesse,

Qui n’est pas à confondre, dit la sagesse,

Avec celle instituée, qui est de naissance,

De facture lourde, légitimée par l’assistance.

N’est donc pas roi ou noble qui veut.

Pour se remémorer l’histoire d’un vieux,

Yassida prit ses aises et ferma les yeux ;

Se déroula alors l’histoire d’un envieux

Qui finit par se prendre pour un demi-dieu :

Il était une fois un certain Basile,

Qui ne vivait point sur une île ;

Il était né dans un petit village,

Avec des champs dans son sillage.

Il grandit modestement, hors noblesse,

Avant de faire preuve de ruses et bassesses,

Pour devenir roi. Qui l’eut cru ?!

Se demandent encore les gens du cru.

Ce personnage au caractère froid,

Devint un roi dont le règne faisait foi.

Puisque ses désirs avaient force de loi,

Même sans le crier sur les toits.

Après avoir fait le vide,

Il devint terriblement avide.

N’osèrent protester apeurés et affamés.

Il s’imaginât alors en mode majesté,

Á la faveur d’un gros orage.

Lui qui était si avare du langage,

Préférant les paisibles bocages,

Sortit en bande pour un tapage.

L’opportunité se muât en nettoyage ;

La trahison s’installa, devenant carnage.

L’intimidation se déclinât en tueries sauvages.

L’impunité légitimée tout comme le copinage,

Le Droit fut confiné dans la touffeur des marécages.

La corruption devint la norme à tous les étages.

Virtuosité et vertueux se retrouvèrent en cage.

L’insignifiance du départ devint magnificence,

Le culte de la personnalité devint une évidence.

Immensément riche, Basile devint ;

Á force de triches et de pots de vin.

Servant ses intérêts, ceux de son clan,

Ceux de forbans et de bandits à cols blancs ;

Au détriment de la plèbe et du royaume,

Pourvu que ça lui rapporte ors et joyaux ;

Pourvu qu’il gagne en notoriété et capitaux.

La folie des grandeurs s’emparant de lui,

Il chercha alors à briller hors de chez lui,

Á étendre son influence par l’aumône,

Envahi de certitudes au sujet de son trône.

Se croyant immortel, étant sans panique,

Il songeât à installer un règne dynastique.

Était-il devenu soudain amnésique,

Aveuglé par une gente boulimique,

Avec qui il avait signé un pacte ?

Il minorât les autochtones ayant du tact,

Du flair et dont il ignorait hélas l’impact,

En terme de courage se soldant en actes.

Ceux soucieux de la destinée du royaume,

Qu’il croyait à tort tenir dans sa paume,

Dopé par des flatteries aux effets chimiques,

Et les promesses d’une artillerie dynamique.

La flamme de la révolte se raviva,

Et ce qui devait arriver, arriva !

Le roi n’eut de choix que l’exil.

Un exil transformé en asile,

Sur une île où le nectar pétille,

Entouré de sa fidèle famille,

Passant ses journées à ruminer,

Comme un bœuf musqué miné,

Á secouer la tête comme un veuf,

Malgré sa reine qui brille de tous feux,

Comme une grande gagnante d’un jeu.

Un jeu où elle n’était au départ que peu,

C’est-à-dire un appât, un simple un pion,

Utilisé par des pachydermes ou des lions ;

De grands animaux qui bruitaient au loin.

Le roi n’avait pas tenu promesses,

Usant de ruses lors de grandes messes.

Fêté souvent dans l’allégresse,

Il prit la fuite dans la détresse.

Il n’eut le courage de boire la cigüe,

Ni d’affronter la crise tant aigüe,

Préférant s’éloigner de ses sujets,

Fomentant quelques funestes projets.

Un centurion ne peut devenir roi.

Un initié aurait fait les bons choix.

Sont inviolables certaines choses ou lois,

Qui sont matérialisées par des interdits.

Totems ou tabous ne sont pas des on-dit.

Ils sont au-dessus de rois faiseurs d’édits.

Le code de dignité n’est point comédie.

Et le roi Basile bascula dans la tragédie.

Aveuglé au fil du temps et des ambitions,

Il se perdit entre agressions et transgressions.

Tabous, totems, quelle que soit l’appellation,

Font sens aux mythes fondateurs de toute société ;

De sa simple expression à sa forme la plus élaborée.

Ils illustrent qu’un groupe d’hommes, en un lieu donné,

A matérialisé son désir de vivre en civilisés.

Leur violation entraînera toujours malédiction :

La punition des hommes ou l’ancestrale sanction,

Parce que perçue comme une entrave à la civilisation.

Le roi Basile restait à jamais inconsolable,

Passant d’une vie de château à celui de notable ;

Réalisant peut-être ses horreurs ou ses erreurs,

Devenant par moment saule pleureur,

Constatant qu’il est amovible, substituable,

Et non indéboulonnable ou inoubliable.

Seuls restent immuables interdits ou totems,

Depuis ses ancêtres jusqu’au-delà de son diadème.

Seuls restent inoubliables la grande dignité,

Le courage, les exceptionnelles qualités…

Les vertiges du pouvoir ouvrent les vannes de la vanité.

Mais un chef est juste un dépositaire de l’autorité ;

Á la fois gardien et garant de la sécurité et de la prospérité.

Il se doit d’être un modèle de courage et de respectabilité,

Pour laisser une belle trace à l’endroit de la postérité,

Qui, un jour, saura comme lui, endosser responsabilités.

IsaS Lanoire

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