« Une solution politique à la crise nigérienne est possible », foi de l’Algérie, dont la diplomatie a, depuis quelques semaines, entamé des pourparlers avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Une initiative qui s’inscrit dans un esprit de souplesse et d’ouverture à toute contribution susceptible de l’enrichir et de renforcer les chances de son aboutissement. Cette initiative a été, indique la diplomatie algérienne, rendue publique par souci de transparence et de mobilisation du soutien nécessaire car, pour l’Algérie, la solution à la crise au Niger devrait être trouvée dans un cadre plus large, qui est celui de la région du Sahel.
Le pays d’Abdelmajid Tebboune entend concrétiser cette démarche autour de plusieurs grands axes, dont le renforcement du principe du rejet des changements anti-constitutionnels, un principe d’ailleurs proclamé en Algérie à l’occasion du sommet africain de 1999. Partant du constat que les coups d’Etat ont longtemps fragilisé la stabilité et entravé le développement de nombreux pays du continent, la diplomatie algérienne compte alors prendre l’initiative du prochain sommet de l’Union africaine pour réitérer ce principe en vue de clore définitivement avec l’ère des putschs. L’Algérie fixe également un délai de six mois pour la mise en œuvre de la solution politique devant aboutir au rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Une proposition flexible et qui se veut médiane par rapport aux trois ans maximum de transition comme indiqué par le général Tiani, précise la note. Dans ce sens, l’initiative de l’Algérie est favorable à des arrangements politiques devant aboutir à la désignation d’une personnalité civile consensuelle pour assurer le retour à l’ordre constitutionnel dans le délai souhaité des six mois. Elections, retour de Bazoum au pouvoir, accord inter-nigérien pour la prorogation du délai, l’Algérie n’écarte aucune option, pour peu qu’elle suscite adhésion et fasse consensus.
Assurer la durabilité de la solution par des garanties pour toutes les parties
Avant de valider cette approche, il faudra des garanties adéquates à toutes les parties dont l’objectif n’est d’autre que d’assurer la durabilité de la solution. « La solution politique qui sera adoptée pour mettre fin à la crise actuelle au Niger intégrera des garanties sous la forme d’une amnistie ou d’une protection des poursuites, en faveur à la fois des auteurs du coup d’Etat, du président Mohamed Bazoum, de sa famille et des membres de son gouvernement », clarifie l’ambassadeur Nadjib Mahdi.
A ces propositions de sortie de crise, la diplomatie algérienne ajoute deux autres. Une approche participative et une Conférence internationale sur le développement au Sahel. La première consistera pour l’Algérie d’entamer des consultations intensives avec toutes les parties concernées qui peuvent contribuer et aider au règlement pacifique de la crise. « Les acteurs nigériens concernés, les Etats voisins du Niger membres de la CEDEAO et les partenaires qui souhaitent soutenir le processus de la résolution de la situation », seront les cibles des consultations.
Quant à la Conférence internationale, elle aura pour but, selon cette initiative algérienne, de promouvoir une approche basée sur le développement dans le traitement des défis multidimensionnels auxquels sont confrontés les pays du sahel. Un constat la justifie. Il s’agit, selon l’Algérie, de la négligence de la dimension économique et développementale dans les initiatives conduites par la Communauté internationale pour mettre fin à l’insécurité et l’instabilité dans la région sahélienne au bénéfice de l’approche militaro-politique. La conférence internationale devait alors être placée sous l’égide des Nations-Unies et centrée sur la mobilisation des fonds destinés au développement du Sahel.